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Photo du rédacteurDominique Hoeltgen

Le slum serait-il préservé de la crise humanitaire ?

30 avril 2021.


Les images sont insoutenables. Celles des ambulances où l’on tente de soigner des malades devant les hôpitaux débordés. Celles des malades qui se font refouler d’un centre médical à un autre. Celles des hommes et des femmes portant des bouteilles d’oxygène. Celles des rickshaws arrivant avec un être cher à l’agonie sur le siège arrière. Celles des crématoriums à ciel ouvert où les bûchers brulent nuit et jour. Celles des brouettes de bois pour alimenter ces bûchers.


Oui, l’Inde vit une crise humanitaire sans précédent. La Covid 19 fait des ravages que personne n’avait voulu envisager. Des ravages à Delhi surtout, et dans d’autres villes. Là où quelques jours ou semaines plus tôt, se tenaient des rassemblements électoraux ou des rassemblements religieux, comme la Kumbh Mela, qui s’est déroulée cette année à Haridwar. Ce pèlerinage hindou, le plus grand au monde, a attiré des dizaines de milliers de personnes, jusqu’à ce que plusieurs gourous s’effondrent sur place, dans le Gange censé les protéger du mal.


La seconde vague de contaminations est un immense désastre pour l’Inde, avec des pics de contaminations et de décès jusqu’alors jamais atteints. Les vaccins, fabriqués en Inde, sont arrivés trop tard, et en trop faible quantité. Le service hospitalier est sur les genoux. L’oxygène insuffisant vu l’accroissement soudain de besoins. Les médicaments et vaccins sont introuvables.


Selon Jeffrey Gettleman, journaliste pour le New York Times et installé à Delhi, les épidémiologistes estiment que le nombre de cas de malades va continuer à grimper jusqu’à 500 000 cas par jour dans le pays, et un million de morts du Covid 19 d’ici le mois d’aout.


Mumbai ne semble pas suivre totalement cette pente dramatique. Mais mesurons nos mots ! Car au moment d’écrire ces lignes, nous entendons les larmes d’amis indiens qui viennent d’apprendre le décès qui d’une tante de 43 ans, qui d’une amie proche plus jeune. La Covid fait des ravages dans toutes les classes de la société, et frappe tous les âges. Pour tenter de contrer ce tsunami, le gouvernement du Maharasthra tente de lancer la vaccination pour les 18 – 44 ans, et étend le confinement jusqu’au 15 mai.



A Mumbai, les petites boutiques essentielles livrent toujours leurs denrées chez les habitants. Une autorisation de sortie est accordée le matin seulement. Le reste du temps, tout le monde est bouclé chez soi et les policiers multiplient les rondes.


Le day care center de Gift est de nouveau fermé. Peut-être rouvrira-t-il ses portes en mai ? En attendant, toutes les fillettes et jeunes filles protégées de Gift sont aujourd’hui suivies par téléphone. Aucune de nos familles ne semble touchée par la pandémie, comme si les habitants du bidonville bénéficiaient d’une sorte d’immunité due à leur difficiles conditions de vie. Des rations ont été distribuées avant le confinement. Des repas ont été servis durant les quelques jours de relaxe. Côté étude, les examens ont été annulés sine die pour les classes 10 standard (15 ans). Celles qui sont en 12 standard (17 ans) les passeront peut-être fin juin. Qui sait ? Mais grâce au suivi permanent de l’équipe de Gift, nos fillettes et jeunes filles ont un peu plus de chances d’avoir un avenir meilleur que beaucoup d’autres gamins.


Dans le pays, 247 millions d’écoliers indiens, en élémentaire et secondaire, ont été privés de salles de classe en 2020. Auquel il faut ajouter les 6 millions de filles et garçons qui n’ont pas été scolarisés avant le début de la crise du Covid.

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