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Photo du rédacteurDominique Hoeltgen

Des sourires et des larmes

4 avril 2020


Les rires résonnent dans le day care center en ce jour de Holi, la fête des couleurs, célébrée le 18 mars 2022. Entre les fillettes qui s’aspergent de poudre colorée avant de se lancer dans des danses éparpillées, la joie éclate, le plaisir de la fête retrouvée après deux ans d’abstinence.



A la sortie de l’école Saint Joseph, les enfants courent, crient, se chahutent les yeux plissés de bonheur et le cartable sur l’épaule. Leurs cours ont repris avec les professeurs et les camarades, dans des classes où deux ans de poussière se sont accumulés sur les bancs.



La vie semble reprendre son cours d’avant. Mais les sourires ne gomment pas les difficultés qu’ont à affronter certaines de nos jeunes protégées. Ici, c’est une petite de sept ans qui tourne fièrement dans sa robe de fête, ne laissant personne deviner que sa mère est partie sans laisser d’adresse, qu’elle a été abandonnée à un père alcoolique. Dans le slum, les hommes sont malheureusement nombreux à apprécier les bouteilles de mauvaise gnole fabriquée localement. Leurs maigres roupies gagnées à la journée partent trop souvent en ivresse dans laquelle ils noient la pauvreté, la famille, les enfants.


Là, une enfant de dernière année du jardin d’enfant, fanfaronne sans inquiétude apparente pour sa mère partie subir une opération du cœur. La chirurgie se fait à une douzaine d’heures de bus de Mumbai, dans son village natal. Le mari a accompagné la malade laissant dans la hutte du bidonville leurs petites de six et sept ans.


Ces enfants perdus sont le plus souvent soutenus par une grand-mère, qui sait se substituer au parent déficient, en gagnant quelques roupies en effectuant les taches de ménage d’un balayeur de père absent, en gardant les petits. Parfois à la nuit tombée, certaines de ces grand-mères se rendent discrètement jusqu’aux poubelles pour récupérer ce qui est recyclable, que ce soit de la nourriture ou des objets à revendre. Elles n’y font guère fortune car le tri des poubelles est en Inde une opération très organisée dans tous les quartiers, dans tous les immeubles. Mais on connait certaines de ces grand-mères actives qui assurent ainsi la survie de leurs petits-enfants. C’est le grand soulagement quand ces familles bancales sont repérées par l’équipe de Gift, que les petites sont emmenées au balwadi, que des rations alimentaires sont distribuées.


Et puis il y a des grandes qui à 20 ans ou 21 ans préparent sérieusement leurs examens de 14 standard (l’équivalent de deuxième année d’université) qui se déroulent en mars et avril. L’une d’entre elles, parmi les plus sérieuses, est débordée. Depuis deux mois, elle a trouvé un job de vendeuse dans un magasin de vêtements. Les 10 000 roupies qu’elle y gagne par mois lui servent à payer le loyer du logis familial et la nourriture pour la survie de ses deux sœurs plus jeunes. Il lui reste juste de quoi payer ses transports et des rations alimentaires. Sa mère est décédée il y a quelques années. Son père est parti vers une destination inconnue, sans laisser d’adresse.


Qui a dit que la vie était facile en Inde quand on a vingt ans ? Pour ces jeunes filles aussi, le soutien moral de l’équipe de Gift et le soutien financier des parrains et marraines constituent une aide indispensable pour leurs premiers pas dans la vie active. Le Day care center devient leur refuge, le seul endroit où elles sont traitées avec dignité et soin, écoutées, nourries, guidées, aidées par l’équipe de Gift.

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