2 juillet 2021
Inventer chaque jour un peu plus : c’est la devise que s’est forgée l’équipe de GIFT pour accompagner les fillettes du bidonville de Jamrushi Nagar. Innover pour que nos protégées ne sombrent pas en cette période délicate d’enseignement à distance. En effet, si l’Inde est le pays qui a vu la plus longue fermeture d’école, avec plus de 455 jours de rideaux tirés, nos fillettes et jeunes filles poursuivent leur chemin sans trop d’échec et avec le sourire.
L’année scolaire reprenant le 15 juin en Inde, il a fallu inscrire tous les enfants dans leurs écoles (fermées), payer le cursus scolaire (en distanciel), acheter livres et fournitures, offrir des portables à celles qui n’en ont pas et qui ont réussi leur examen de 10 standard, l’équivalent du brevet. Cette année, le gouvernement indien a décidé que tous les élèves de 10 standard auraient leur examen et passeraient automatiquement en année supérieure. Une chance pour les jeunes concernés.
Pour faire fi des difficultés de l’école à distance, Sharda, Nikita, Shamshad, l’équipe dirigeante de GIFT, multiplient les visites dans le bidonville, les appels aux jeunes et aux familles, pour prévoir et anticiper toute difficulté, pour être à l’écoute et entourer les petites et les grandes.
A côté de leur rôle pédagogique, le soutien matériel qu’elles distribuent est essentiel : il faut s’assurer que chaque enfant a des chaussures ou des chapals, surtout avant la mousson qui a déjà donné ses premières averses. Il faut remplacer les repas qu’il est pour l’instant impossible de distribuer au day care center provisoirement fermé pour raisons sanitaires, par des rations alimentaires que chaque famille va chercher chez l’épicier.
Les plus jeunes fillettes, qui ont quatre et cinq ans, ne peuvent aller au balwadi (maternelle actuellement fermée comme tous les autres établissements scolaires). Qu’à cela ne tienne. Des « home tuitions » ont été trouvés, des cours à domicile donnés en petit groupe de cinq ou six élèves par des enseignants du coin. Les mères accompagnent leurs enfants dans ces lieux d’apprentissage, que l’on espère provisoires.
Entre sept et douze ans, le suivi de « cours » sur le téléphone d’un parent est loin d’être évident. Les aides de l’équipe tournant dans le slum sont toujours bienvenues. Car il est difficile de suivre un enseignement sur un téléphone, avec un réseau peu fiable, des camarades éloignées et un professeur que l’on entend mal.
Entre quinze et dix-huit ans, nos protégées choisissent plus souvent les sections scientifiques que l’art ou le commerce. C’est tout à leur honneur. Les sciences demandent un investissement supérieur, mais demain la plupart d’entre elles auront un vrai métier.
Parmi les plus âgées, deux catégories se distinguent : il y a celles qui s’accrochent à leurs études et veulent poursuivre toujours plus loin. Et celles, moins nombreuses, qui décrochent et préfèrent apprendre la couture pour gagner quelques sous. Des décisions souvent dictées par les familles qui poussent leurs filles vers un fiancé ou un mari. On perçoit là le contre-coup d’une pandémie qui pourrait signer un retour en arrière de la place des femmes en Inde. Les actions de Girls Inspired For Tomorrow seront demain plus indispensables que jamais … pour que les jeunes filles sachent relever la tête avec fierté et suivre les exemples des grandes qui travaillent dans le secteur dont elles avaient rêvé.
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